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Nord-Kivu/Etat de siège : un mois, acteurs de la société civile et politiques évaluent et proposent

Le 06 mai dernier, le Chef de l’Etat congolais a placé les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri sous l’Etat de siège. Un mois après, des acteurs politiques et de la société civile dressent le bilan de ce régime exceptionnel.

Ferlin Kyamihimbi estime que les 30 jours de l’Etat de siège ont posé les bases de l’action à mener. Ce cadre du Mouvement Social, un parti membre de l’Union sacrée, la plate-forme politique au pouvoir invite la population à la patience.

‘‘ Je crois qu’il faut rester confiant. On l’a vu, les 30 jours de l’Etat de siège ont permis à ce que certaines questions techniques ou logistiques soient résolues. Et maintenant que le ministre de la défense a dit à la presse que tout est en place, nous demandons à la population de soutenir les actions qui suivront. Effectivement, la population a une grande part dans la réussite des actions et donc de l’Etat de siège.’’

Pessimisme du coté de l’opposition. Pour la plate forme LAMUKA, l’Etat de siège était un subterfuge pour barrer la route à l’éveil patriotique qui prenait de l’ampleur avec les actions de revendications, les marches dans plusieurs villes et localités du Nord-Kivu. Joseph Akayesu point focal de cette plate-forme à Butembo.

‘‘ Au même moment qu’on est en Etat de siège on nous demande d’attendre les troupes kényanes pour combattre les rebelles ADF, qu’on attende les ougandais… c’est un méli mélo. On comprend que l’Etat de siège était un moyen pour calmer ou apaiser la population qui en a marre, pour calmer l’éveil patriotique qui commençait à se ressentir… On l’a vu chaque jour dans des actions pour dénoncer’’

Bilan mitigé pour la société civile de Butembo. Elle craint par ailleurs le risque d’une série de prorogations. Selon le professeur abbé Muhindo Malonga, son président.

‘‘ Il est à craindre que ce qu’on n’a pas fait dans les 30 jours on ne puisse pas le faire pendant 15 jours. On risque d’avoir des prorogations successives avec un régime restrictif des libertés publiques, ce qui n’est pas une bonne chose car en principe ce type de régime doit être délimité dans le temps. On ne doit pas maintenir indéfiniment les gens en situation exceptionnelle… Nous attendons les résultats dans un bref délai en fait.’’

Pour Isaac Kivikyavo, doctorant en sciences politiques, le laxisme dans la mise en place de l’Etat de siège profite à l’ennemi.

‘‘ On semble remarquer que ce laxisme a favorisé la réorganisation de l’ennemi ou lui permet de se préparer à l’assaut. L’ennemi semble aujourd’hui plus fort avec des attaques plus loin comme à Boga, Tchabi… L’ennemi a plusieurs fois frappé et on n’a pas senti qu’on est dans une période où il doit se sentir acculé. Ca traine et ca profite à l’ennemi.’’

Signalons que, les deux chambres du parlement ont adopté la prorogation de 15 joursde l’Etat de siège.

Emmanuel KATERI

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