Butembo : Pourquoi les femmes et les enfants étaient exclues de la table quand on devait manger les sauterelles ? (Réponse d’un ethno sociologue)

Dans la culture locale, les femmes et les enfants étaient exclues de la table quand on devait manger les sauterelles des insectes très prisées en région de Butembo-Beni et Lubero dans la partie Nord de la province du Nord Kivu. Aujourd’hui, les choses ont évolué et les catégories exclus sont conviées à la table. La Voix de l’UCG a cherché à comprendre la raison de cette exclusion en cette saison des sauterelles, même si la manne est moins abondante cette saison par rapport aux autres années.

Les sauterelles sont des insectes de grande valeur culturelle dans la partie nord de la province du Nord Kivu. Les hommes d’âge adultes étaient seuls à être conviés à toucher à ce met délicieux. Un repas du roi, un repas de circonstance, un repas des hommes indique PalukuV asangavolo PAVASA, ethno sociologue et enseignant dans plusieurs institutions d’enseignement supérieur et universitaire de Butembo-Beni.

Cette exclusion pour les femmes et les enfants est restée mythique pendant plusieurs années mentionne-t-il. Il en est de même de la viande de poule et des œufs. Mais pour quelle raison ? Le spécialiste répond. ‘‘‘‘Comme les sauterelles, la viande des poules, les œufs aussi n’étaient pas autorisés aux femmes. C’est parce que la femme est très complice de ses enfants.Dès que vous autoriser à la femme de prendre les sauterelles, elle va donner à son enfant, celui-ci trouver que c’estsucculant et sera tenté d’en prendre davantage. Il reviendra là où vous avez gardé, il vient, il pique et c’est comme ça qu’il devient voleur. Voilà la philosophie autour de ce mythe’’, explique Pavasa.

Par ailleurs, les rois faisaient croire que ce sont eux qui amenaient les sauterelles, une façon de maquiller leur pouvoir explique Mr Pavasa. ‘‘A chaque cueillette, on devait aller donner au chef. Et lui il devait garder dans sa cruche pour qu’il mange le plus lentement possible, parce que les sauterelles peuvent faire 3,4,5 ou 6 mois. S’ils sont bien préparés, bien gardés, ils ne pourrissent pas si tôt. Et quand vous prenez les sauterelles en dehors de la saison, vous vous étonnez qu’il en ait dans la cour royale plusieurs mois après la saison et cela renforce le rôle mystique du chef. On dira, même s’il n’y a pas de saison des sauterelles, vous les trouverez chez le Mwami. Et lesbami disaient justement que c’est eux qui autorisent que les sauterelles pleuvent », fait-il savoir.

Monsieur Pavasa explique que la culture par influence du modernisme a évolué et ces habitudes sont déjà révolues même si dans certains villages de la contrée, les femmes n’acceptent pas encore de toucher ou de manger les sauterelles.

 L’ethno sociologue explique aussi que si chez les nandé(ndlr Peuple majoritairement établi sur l’espace Butembo-Beni et Lubero), ce sont les sauterelles qui sont ainsi prisées, dans d’autres ethnies ce sont d’autres insectes qui ont la place de la sauterelle, c’est cela le relativisme culturelle explique l’anthropologue Pavasa.

Emmanuel Kateri

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