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Butembo/tueries des manifestants : la procédure d’intervention des forces sécuritaires, souvent biaisée, est la base des abus dénonce l’asbl Colibri RDC

Après la mort de deux personnes au nord de la ville de Butembo la mi-journée de mercredi 05 décembre, Colibri RDC ASBL demande l’organisation d’un procès public en procédure de flagrance. Cette organisation de défense des droits de l’homme déplore un nième cas de justice populaire. Elle condamne aussi un nième cas de recours excessif à la force par les agents de sécurité à Butembo.

L’acte posé par les habitants qui se sont rendu justice en tuant un présumé voleur de moto est contraire à la loi. L’habitude de se rendre justice peut certes être la conséquence des dysfonctionnements de la justice de l’Etat, mais cela ne justifie pas qu’on se rende justice indique Me Richard Ndekeninge, coordonnateur de Colibri RDC ASBL. La justice populaire fait en effet plusieurs victimes innocentes indique-t-il. Encourageant la vigilance populaire, Me Richard Ndekeninge, prévient cependant sur les risques d’aller jusqu’à se rendre justice. Déplorable et punissable attitude insiste-t-il. ‘‘ Il est vrai qu’il y a parfois des crises de confiance en la justice ou globalement aux services publics dont la police, mais la justice populaire est dangereuse et dans tous les cas, condamnable. Il était donc très important, du moment que la personne était déjà maitrisée, de la remettre à la police. C’est en tout cas déplorable qu’on se rende justice…’’

Plus déplorable encore, la réaction des services de sécurité. Me Richard Ndekeninge dit ne pas comprendre l’intervention de l’armée là où la police était compétente. Il rappelle la procédure pour que l’armée intervienne là où il y a des troubles civils.

‘‘Lorsqu’on recours immédiatement aux FARDC c’est un problème de principe. Par ce que le responsable du maintien de l’ordre entre les civils et les forces de l’ordre sont les policiers. S’ils s’estiment dépassés, ils en informent l’autorité locale. Et c’est elle seule qui peut requérir l’intervention de l’armée et pour le cas d’espèce, à la vitesse où ça s’est passé, tout semble croire que  la police est directement descendue, mélangée aux FARDC. Et, ça c’est un problème de principe. Et la police ne peut s’estimée dépassée que si les manifestants sont violents et très nombreux, au point où, avec les seules armes non létales, elle ne parvient pas à les maitriser. Le recours aux armes létales se fait après avertissement aux manifestants et il est graduel. Les premiers coups ne doivent pas consister à viser des manifestants, surtout quand rien n’indique qu’ils peuvent être armés. Je répète que c’est l’autorité locale, le maire de la ville en l’espèce qui doit requérir l’intervention de l’armée.’’

Colibri RDC demande un procès public et en procédure de flagrance. Cette organisation remercie cependant les services de sécurité qui ont annoncé l’arrestation du militaire présumé auteur des tirs mortels contre ce manifestant qui était un manutentionnaire.

Cette organisation estime qu’il en est trop des abus de l’utilisation de la force lors des manifestations ayant un caractère civil et demande aux commandants de la police et de l’armée à renforcer la discipline de leurs hommes.

Après avoir lynché et bruler vif un présumé voleur, l’armée est intervenue pour disperser les manifestants. Un jeune homme en est mort, suscitant l’indignation des habitants et la paralysie de l’activité.

Emmanuel KATERI