Insécurité dans l’Est de la RDC : l’EAC n’a aucune expérience de guerre, la RDC constituera sa première expédition militaire (Prof N. Mughendi)

L’accord des dirigeants d’Afrique de l’Est sur la mise en place d’une force régionale pour mettre fin au conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo fait débat au sein de l’opinion congolaise. Le professeur Nissé Mughendi Nzereka, expert des questions de sécurité reste dubitatif face à la venue d’une nouvelle force multilatérale.

Cet enseignant des cours de géopolitique et géostratégie à l’Université Catholique du Graben, UCG Butembo, en parlant de ces nouveaux accords avec l’EAC, évoque un marché de dupes lorsque la RDC recourt à une communauté à laquelle appartient certains pays qu’elle a accusé d’agresseur.

« On compte sur l’EAC qui n’a pas ce genre d’expérience, ça sera sa toute première expérience contre des groupes armés à l’intérieur d’un Etat. Elle n’a jamais eu d’expérience non plus dans un conflit interétatique. Je n’y vois pas beaucoup d’espoir. Et autre chose, nous avons d’autres troupes étrangères en RDC qui ont déjà essayé de contribuer au retour de la paix en RDC sans grand succès. La MONUSCO est là depuis plus de 20 ans ; elle s’est doublée d’une brigade d’intervention. La MONUSCO n’est pas venue faire la guerre mais la bridage d’intervention est venue pour faire la guerre en RDC ,  ses troupes se sont, elles aussi embourbées, dans le conflit congolais ; la RDC a conclu des accords bilatéraux avec l’Ouganda mais la solution n’est toujours pas trouvée et on y ajoute des troupes multilatérales des troupes de l’EAC ; il faut quand même quoi soit capable de tirer des leçons du passé qui est encore récent », explique le Professeur Nissé Mughendi.

Le gouvernement lance un mauvais sugnal en signant cet accord de l’EAC.

« Le gouvernement compte sur les autres que sur sa propre armée. Et ça, c’est un mauvais signal. Il faudrait inverser la tendance et inverser dans l’armée congolaise », ajoute-t-il.

Cette mosaïque des forces multilatérales sur son sol rend la RDC très vulnérable ajoute le Professeur Mughendi. Kinshasa doit grandir et ne compter que sur son armée pour se défendre, conseille l’expert.  Pour rappel, un regain de tension dans l’Est ces dernières semaines a ravivé l’animosité entre la RDC et le Rwanda, accusée de soutenir le M23.

Le communiqué de la présidence kenyane rendu publique après le sommet de Nairobi lundi 20 Juin n’a pas précisé si le Rwanda allait jouer un rôle dans la force régionale alors que Kinshasa a déjà dit ne pas accepter sa présence. Pour le Président Ougandais, les problèmes affectant la région comme la crise au Congo nécessitent une approche collective de la part de tous les membres régionaux de la Communauté d’Afrique de l’Est”

 

Georges Kisando Sokomeka