La RDC peut compter sur ses tourbières comme l’une des armes dont elle dispose dans la lutte contre le changement climatique. Elle peut également compter sur cet écosystème qui est une richesse inestimable pour la RDC tant sur le plan environnemental, touristique, économique… Nous en parlons avec un spécialiste en aménagement et gestion intégrée des forêts et territoires tropicaux.
Une tourbière est un écosystème où s’accumulent d’importantes quantités de matière organique (tourbe). Suivant certaines conditions climatiques (minéralisation lente et partielle due aux conditions d’hydro-morphie), les végétaux croissent sur ce sol saturé en eau stagnante et peu mobile qui se décompose lentement, et surtout de façon incomplète. Il se forme alors de la tourbe, matière organique fossile. Faisant partie des zones humides, dont on célèbre aujourd’hui la journée mondiale, les tourbières jouent un rôle dans le cycle du carbone. Ir Shukuru Kyoghero spécialiste en aménagement et gestion intégrée des forêts et territoires tropicaux explique plus simplement qu’est-ce une tourbière.
‘‘ C’est de l’humus mal décomposé. Des feuilles qui tombent et qui se décomposent partiellement suite aux conditions d’hydromorphie. Et après, suite à des conditions qui ne sont pas favorables, l’humidité en permanence surtout, ils seront des puits de carbone et d’autres objets fossiles (tels que les pollens des plantes, les spores, les restes d’hommes ou d’animaux. Elles abritent des systèmes présents nulle part ailleurs et participent à la régulation des conditions climatiques locales en réduisant, par le phénomène d’évaporation, les périodes de sècheresses et d’échauffement. Elles assurent également un rôle de filtration et d’épuration leur permettant de restituer dans l’environnement une eau de grande qualité. Parce que les feuilles sont constituées de carbone et consort et elles vont stocker ce carbone dans un sol humide en permanence. En termes simples, quand on parle tourbière localement il faut penser d’abord au ‘‘kitota’’ avec des feuilles mortes mais aussi un sol pas bien décomposé, noirâtre quoi’’ « chitsavadoudou » en langue locale.
On estime qu’en moyenne, les tourbières stockent 15 à 30 % du carbone piégé dans les sols. Et comme pour d’autres zones humides, le carbone qu’elles séquestrent est évaluable en argent, une aubaine pour l’économie congolaise explique Ir Shukuru Kyoghero.
‘‘ On estime la quantité de carbone séquestré ou sauvegardé. Ces zones humides contribuent à l’épuration de l’air. Et dans le grand débat en matière de gestion environnementale, on quantifie le stock de carbone que vous emmagasinez. Et c’est ce stock-là qui est vendu en termes monétaire. Il y a ce qu’on appelle le prix de carbone. Autour de ces écosystèmes se développe aussi un tourisme. Une autre source pour l’Etat de se faire de l’argent. Et tous les autres services écosystémiques qu’on peut attendre de cela.’’
La tourbe est majoritairement constituée des matières végétales fossiles qui proviennent de milieux humides et pauvres en oxygène. La teneur en carbone compte pour 50 % du poids, peut-on lire sur www.futura-sciences.com/planete/. Les tourbières font partie des zones humides à protéger absolument mentionne Ir. Shukuru Kyoghero qui est enseignant en faculté des sciences agronomiques à l’UCG.
Emmanuel KATERI
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