Actualité

Justice : « La justice pénale internationale ne pourra juger tous les crimes graves qui se commettent en RDC » (Me R Ndekeninge, doctorant en droit)

L’Etat congolais est responsable de la répétition des crimes graves qui se commettent depuis plusieurs années sur le sol de la RDC. Il a l’obligation de protéger les civils sur toute l’étendue de son territoire. En défaut, de punir les coupables de ces crimes graves. Par ailleurs, les congolais ne devraient pas tomber dans le piège d’espérer que la justice pénale internationale juge tous les auteurs des crimes de masse commis en RDC. C’est ce que pense Me Richard Ndekeninge, doctorant en droit international à l’Antwerp University en Belgique et enseignant en droit à l’UCG. La Voix de l’UCG l’a rencontré à l’occasion le 17 juillet de la journée mondiale de la justice pénale internationale

En entame, Me Richard Ndekeninge ne cache pas sa déception au regard de l’attitude du gouvernement face au rapport Mapping répertoriant les crimes graves commis en RDC entre 1993 à 2003 et qui formule plusieurs recommandations. Le rapport recommande justement, la création d’un tribunal pénal international pour la RDC ou des chambres spéciales mixtes pour juger ces crimes graves. Mais le gouvernement congolais n’a jamais fait preuve de volonté politique en vue de la mise en place ce tribunal ou ces chambres mixtes explique Richard Ndekeninge. ‘‘ Le rapport mapping recommande soit la création d’un tribunal pénal international pour le Congo soit la création des chambres spéciales mixtes qui seraient renforcées par la présence des juges internationaux. Toutes ces possibilités de justice pénale internationale ne verront en fait le jour que si le gouvernement congolais les juge utiles et opportunes. Ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui malheureusement et ce, au grand dam des victimes. Bref, le seul à mon avis qui a la responsabilité de mettre fin à l’impunité des crimes de masse qui se commettent dans notre pays et notamment chez nous au grand nord de la province du Nord-Kivu, c’est notre Etat’’  indique Richard Ndekeninge, qui est aussi responsable de l’ONG Colibri RDC Asbl.

En ce qui est des crimes qui se commettent à Beni, Me Richard Ndekeninge n’est nullement satisfait du niveau des poursuites contre les auteurs de ces crimes. Et dans l’état actuel de la situation, rien ne peu prédire des poursuites par la CPI qui par ailleurs ne juge que des hauts responsables.

‘‘ Le niveau des poursuites jusque-là effectué est encore lamentablement faible. Mais faut-il de cela déduire l’opportunité de l’intervention de la CPI ? Eh bien, il y a des défis à cela. Ces dernières années, les Etats africains se montrent assez peu enclins à laisser la place à la CPI, à coopérer avec elle au motif qu’elle s’acharne contre les africains. Ce qui est discutable… Ne tombons pas dans le piège de penser que la justice pénale internationale pourra juger tous les auteurs des pires atrocités qui se déroulent chez nous. En ce qui est de la CPI par exemple, elle est régie par le principe de subsidiarité qui veut que cette cour ne puisse poursuivre qu’une poignée des hauts responsables que la justice nationale n’a pas la volonté ou n’a pas la capacité de juger’’ explique le chercheur qui est aussi enseignant à l’Université Catholique du Graben.

Me Ndekeninge invite la population à poser des actions citoyennes pour exiger de l’Etat la justice pour tous ces crimes et la réparation en faveur des victimes.

Emmanuel KATERI