L’annonce de la procureure de la Cour Pénale Internationale CPI, madame Fatou Bensouda sur l’arrivée d’une mission de la CPI en RDC afin d’enquêter sur les massacres des civils à Djugu dans la province de l’Ituri ne doit pas être prise comme une discrimination envers ce qui se passe à Beni. C’est de l’avis du Chef de Travaux Richard Ndekeninge, enseignant en faculté de Droit à l’Université Catholique du Graben et Coordonnateur de l’ONG de défense de droit de l’homme Colibris.
Ce spécialiste de Droit International répond à ceux dans l’opinion qui estiment que les enquêtes seraient d’abord initiées pour les crimes qui se déroulent à Beni qui sont plus anciens et de plus grande échelle.
Pour Richard Ndekeninge, les tueries de Djugupourraient plus attirer l’attention de la CPI parce qu’étant presque la suite de la crise de 2002-2003 pour laquelle la CPI a déjà enquêtée et a même rendu des décisions.
‘‘Il faut partir du fait que la province actuelle de l’Ituri a déjà connue des tels faits entre 2002-2003. Sur base de ces faits, elle a ouvert des enquêtes et il y a eu des condamnations et des acquittements. La situation actuelle semble être liée à celle de 2002-2003. Elle en serait une suite car des connotations ethniques et qui s’apparente même, des déclarations ont déjà été faites, à un génocide. Les gens sont tués en raison de leur appartenance tribale et dans le but d’exterminer ce groupe ethnique, mais il faudra que la juridiction l’établisse.’’
Maitre Ndekeninge estime qu’il est injuste que l’opinion estime que la CPI se désintéresse de massacres de Beni dès lors qu’elle a déjà annoncée suivre cette situation. Il estime que le principe de subsidiarité auquel est soumis la CPI pèse également dans cette sorte de laxisme que certains voient dans son chef. En effet, ‘‘la justice congolaise ayant déjà organisée un procès à Beni et d’autres enquêtes étant menées par la cour militaire opérationnelle, la CPI est fondée à ne pas commencer officiellement des enquêtes en attendant que les démarches de cette cour militaire opérationnelle aboutissent, explique Richard Ndekeninge. Aussi, la CPI peut choisir de faire discrètement ses enquêtes.’’
Pour rappel, la procureure Fatou Bensouda a déclaré jeudi 04 juin 2020, être profondément préoccupée par les nombreux rapports signalant une montée des violences graves depuis plusieurs mois en Ituri, et plus particulièrement dans les territoires de Djugu et Mahagi.
Emma Kateri
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