Societé

Nord-Kivu/Abus sexuels des agents de la riposte: « obliger de coucher avec ses chefs afin de préserver son poste » (Témoignages)

Trois mois après la déclaration de la fin de  la 11e épidémie de la  Maladie à Virus Ebola, des voix s’élèvent contre les abus sexuels contre des travailleurs humanitaires.  Selon une enquête signée The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters, une cinquantaine des femmes, accusent plusieurs employés d’agences des Nations unies et d’ONG d’abus sexuels. Certaines victimes ont témoignés et reportent ces abus sexuels pendant que l’ONG Femmes Juristes pour le Défense des Droits  de la Femmes et de l’Enfant, FJDF, les encourage à porter plainte.

Ces abus sexuels, qui n’ont jamais été signalés par les victimes par  peur des représailles,  se seraient produits entre 2018 et 2020 dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola. Certaines d’entre-elles se sont livrées à La Voix de l’UCG.  

Mikebuka (prénom d’emprunt) a loupé le poste auquel elle était pourtant favorite au sein de la riposte. Elle n’a pas cédé, dit-elle, aux avances sexuelles des  chargés de  recrutement.

« Je voulais voir le chef pour que je dépose mon CV. Il me donnait des rendez-vous  de 20H00. Au lieu de déposer la lettre au bureau, il fallait que je la dépose dans sa chambre. Parfois il me fixait des rendez-vous dans des bars et restaurants. Quand on est d’accord, on devient main droite du chef et lorsqu’il se rend sur terrain, on est toujours à ses cotés, on est là pour lui et non pour le travail de la riposte », déplore cette victime.  

Elle n’est pas la seule victime  d’abus sexuels. Pendeza(prénom d’emprunt) pour sa part révèle parfois qu’elle était obligé de coucher avec tous les chefs au sein d’un service de la riposte pour garder son poste.

« Si tu as couché avec un chef, il faut le faire également avec son supérieur hiérarchique, pour espérer renouveler le contrat qui était allait de un à trois mois. Parfois les subalternes également sollicitaient les même faveurs sexuelles auxquelles on cédait  pour se sentir dans le bain professionnel », révèle la  pauvre demoiselle, larmes aux yeux.

Me Magguy Panza, chargé de vulgarisation au sein de l’Organisation Femmes Juristes pour le Défense des Droits  de la Femmes et de l’Enfant, FJDF, encoura  ge toutes les victimes de ces abus à porter plainte. Elle fait savoir que cette ONG était au courant des abus des humanitaires.  

51 femmes à accuser des travailleurs internationaux d’abus sexuels. Parmi elles, au moins 30 affirment que des employés de l’Organisation mondiale de la Santé étaient impliqués.

 L’OMS, qui a assuré mardi que ses travailleurs étaient « scandalisés » par ces allégations, a ouvert une enquête interne. «…Toute personne dont la participation à de tels actes aura été identifiée devra en rendre compte et en subir de graves conséquences, y compris un renvoi immédiat », a déclaré l’OMS dans un communiqué.

Pour Me Magguy Panza, les sanctions ne devraient pas être seulement disciplinaires au regard de la gravité des accusations des victimes. Elle suggère également des poursuites pénales et  réparations en faveur des victimes.

Georges Kisando Sokomeka

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