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Nord Kivu /Ituri : la nature de la guerre qu’impose l’ADF à l’armée est incompatible avec l’état de siège (Prof Mughanda)

Nord Kivu /Ituri : la nature de la guerre qu’impose l’ADF à l’armée est incompatible avec l’état de siège (Prof Mughanda)

L’état de siège n’est pas une mesure appropriée dans le contexte de la guerre asymétrique qui est celle qu’imposent les ADF aux Forces Atmées de la RDC. Ceci explique les peu de résultats jusqu’ici obtenus depuis la déclaration de l’état de siège. Cette situation exceptionnelle est convenable pour une guerre classique explique le professeur Muhindo Mughanda, enseignant de géo-stratégie dans plusieurs universités de la région.

La guerre qu’imposent les ADF à l’armée congolaise est une guerre asymétrique. C’est-à-dire, celle dans laquelle les forces sont déséquilibrées, et dont le plus faible tente de compenser son infériorité par des moyens alternatifs comme le terrorisme ou la guérilla. Dans ce genre de guerre, l’ennemi se camouffle, y compris au sein de la population civile. Partant, il est difficile d’appliquer à un tel ennemi une guerre éclaire, c’est-à-dire celle qui se déroule en peu de temps pour un résultat précis. Or, pendant l’état de siège, l’armée lance une guerre éclair, ce qui est difficile à faire pour une guerre contre un ennemi comme l’ADF, explique le professeur Mughanda.

‘‘L’état de siège est généralement décrété pour organiser une guerre éclair, une bliezkrieg. C’est dans ce contexte par exemple que, lorsqu’en 1939 l’Allemagne se mobilise toute entière, elle décrète une sorte d’état de siège pour commencer la deuxième guerre mondiale. En peu de temps, ils occupent la Pologne, la Belgique, en peu de temps elle occupe la France qu’elle réduit en sa plus petite expression, la république de Vichy. C’est-à-dire, lorsque vous dites, moi j’organise un état de siège, c’est-à-dire vous voulez atteindre les résultats dans un délai très bref.’’

Pendant l’état de siège le circuit de l’information est ralenti par les mesures drastiques qui font que le civil a peur du militaire détenteur du pouvoir des civils. A ceci s’ajoute les innombrables reproches faites contre notre armée ajoute le professeur Mughanda. Tout ceci n’est pas de nature à attendre un bon résultat selon lui.

‘‘ L’état de siège pour autant qu’il interrompt le circuit de l’information, les militaires étant moins accessibles, il crée un environnement peu favorable à la guerre asymétrique qui a besoin que l’information circule. A cela il faut ajouter des éléments contextuels qu’on reproche toujours à notre armée : l’infiltration et les magouilles au sein de l’armée, ce n’est pas le professeur Mughanda qui le dit, le président de la république l’a dernièrement reconnu, mis ensemble ces ingrédients, on comprend pourquoi est ce que ca ne réussi pas.’’

Et après la débâcle de mercredi dernier sur la route Komanda, le convoie sécurisé par l’armée ayant été saboté par l’ennemi, Muhindo Mughanda pense que l’armée veut restaurer la confiance en annonçant par exemple l’arrivée d’une brigade canine. Il fustige aussi de notre armée, beaucoup de communications pour moins de résultats. Il dénonce une sorte de ‘‘théâtralisation ou de spectacularisation des actions de l’armée’’. Or pour lui, ‘‘ le peuple n’a besoin que de résultat. Pas plus’’.

Et pour plus des résultats, le professeur propose une série de mesures qui peuvent se résumer à : nettoyer l’armée, nettoyer l’armée, nettoyer l’armée.

Emmanuel Kateri

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