Nord-Kivu : près d’un an, ce que Butembo a gagné ou perdu du départ de la MONUSCO

Près d’une année après que les casques bleus de la MONUSCO aient été obligés de quitter Butembo à la suite de la pression populaire, la ville a terni sa réputation. C’est ce que déplore le politologue Kahindo Muhesi Augustin, professeur d’Universités.  De son côté, l’actrice politique Rose Tuombeyane pense que Butembo a gagné du courage et de la fierté par cet acte. Ils l’ont dit en marge de la journée des casques bleus célébrée chaque 29 mai. Hervé Mukulu nous résume ces entretiens.

Crédit photo @Georges Kisando Sokomeka

C’est depuis le 19 Atout 2022 que la MONUSCO n’est plus présente dans la ville de Butembo. Cette nuit-là, après une série des manifestations violentes, les contingents de la MONUSCO avaient quitté nuitamment la ville de Butembo  non sans coup férir. Près d’une année après, les projets que menaient cette organisation des Nations unies sont aux arrêts et sans suite, l’argent qu’ils mettaient dans le circuit local a disparu et Butembo a gagné surtout une mauvaise réputation aux yeux du monde entiers, regrette le politologue Professeur Kahindo Muhesi.

« Il y a certains petits projets que la MONUSCO pouvait prendre en charge qui ont été pratiquement bloqués. Je vois par exemple le pont Vulindo qui était déjà en train d’être financé et dont les travaux ne sont pas achevés jusqu’à ce jour. Tous ces projets sont tombés à l’eau sans pour autant parler de l’impact  que cela a eu sur le plan financier parce que certains agents de la MONUSCO prenaient en location certaines maisons, hôtels et recouraient à certains services. Certes, les compatriotes de Butembo avaient le droit de réclamer mais l’allure que cela avait prise était en fait une image d’une extrême violence. »

De son coté, Rose Tuombeane de la Dynamique des Femmes pour la Bonne Gouvernance (DYFEGOU), une des organisations qui étaient à la première ligne de cette chasse de la MONUSCO, pense que la ville a gagné du courage et de la fierté.

« Nous avons gagné la fierté d’avoir été courageux, nous habitants de Butembo, d’avoir refusé  toutes les exactions qui ont été commises et qui sont toujours en train d’être commises par les casques bleus de la MONSUCO. Nous gagnons cette fierté d’être un peuple indépendant, un peuple qui sait se défendre lors qu’il est attaqué. »

Si d’un côté, certains souhaitent que ce départ soit définitif,  de l’autre, l’on regrette que les mêmes faits sécuritaires continuent même après le départ de la MONUSCO.

Hervé Mukulu.