Opérations contre les ADF : Face aux nouveaux médias et les nouveaux acteurs, l’armée doit moderniser sa communication (C. Sengenya, enseignant en communication)
Dans un communiqué de presse datant du 28 janvier, la 34e région militaire interdit formellement aux militaires de publier des documents sur les opérations militaires comprenant, photos , discours, propos, logos et autres. Pour le journaliste spécialisé dans les questions sécuritaires et enseignant en communication politique, Muhindo Sengenya Claude, le problème se trouve plutôt dans le système de communication de l’armée. Il est trop classique et désuet alors que l’armée fait face à des nouveaux acteurs et nouvelles technologies dans un contexte particulier comme les opérations contre les ADF à Beni.
Lors des moments forts tels que des attaques rebelles, opérations militaires et arrestations des dirigeants ADF et autres, l’armée accuse souvent un retard dans la communication. Ce qui permet aux fakes news de se répandre et aux professionnels des médias de se ressourcer ailleurs afin de répondre à la demande informationnelle de l’audience. Cette restriction serait dans le sens de redorer l’image de l’armée mais cette dernière doit être cohérente pour obtenir une adhésion populaire, souligne Claude Sengenya
« Pour soigner son image, sa réputation, l’armée est consciente que pour gagner une guerre, elle a besoin de l’adhésion populaire. Elle ne l’obtiendra que quand elle est cohérente en termes d’action, d’image,…lorsqu’on est en face d’un acteur qui ne rassure pas, c’est assez difficile d’obtenir cette adhésion. Et pour éviter cela, ça vaut la peine que ces soldats, officiers puissent s’abstenir de diffuser des informations de quelque nature que ce soit qui peuvent compromettre l’image de l’armée », explique Claude Sengenya.
Et pour y arriver, s’impose une modernisation de la communication de l’armée avec l’évolution technologique.
« Je me rends-compte qu’ils demeurent dans des classiques considérations notamment de la centralisation de l’information. Aujourd’hui, avec les NTIC, avec les nouveaux usages, des nouveaux médias, l’on ne peut pas vraiment prétendre mieux informer les gens en centralisant tout. Il faut parfois en un certain moment libérer certaines choses. », ajoute-t-il.
Plusieurs exemples illustrent cette inefficacité de la communication de l’armée déplore cet enseignant en communication. Pourtant la guerre est aussi psychologique, l’acquisition de l’opinion dans ses rangs.
Hervé Mukulu