L’Eglise catholique dispose encore des atouts importants qu’elle peut mettre en avant pour décourager le régime à procéder à la révision de la constitution. C’est en tout cas la lecture du politologue Kahindo Muhesi Augustin au lendemain de l’homélie du Cardinal Fridolin Ambongo dans laquelle il a vivement fustigé la révision constitutionnelle, dimanche 24 novembre à Kinshasa, au cours de la messe dite à l’occasion des journées diocésaines des jeunes catholiques.
Enseignant de sciences politiques dans plusieurs universités à l’Est de la République démocratique du Congo, le professeur Kahindo Muhesi commence par rappeler la position qu’occupe l’Église catholique dans le combat pour la démocratie, la justice et le développement intégral du pays. Cela étant, affirme le politologue, face à la question de la révision de la constitution, il n’est pas impossible que l’Église catholique réédite les expériences antérieures.
« Je voudrais parler de la marche du 16 février, lorsque la RDC, à l’époque de la lutte pour l’ouverture de la conférence nationale souveraine, a été chapeautée par l’Église catholique. Mais également, je peux me référer à ce que l’Église catholique a fait comme combat pour empêcher un troisième mandat au président Kabila », rappelle-t-il.
Alors, aujourd’hui encore l’Eglise catholique dispose-t-elle de la même capacité de mobilisation ? Oui, répond le docteur en sciences politiques.
« L’Église catholique dispose d’atouts pour mobiliser la population. Elle a des nombreuses structures comme les comités laïcs de coordination, la jeunesse catholique qui a toute sa diversité, le clergé lui-même. Et donc, ce sont des atouts importants que l’Église peut mettre en avant pour essayer de contester davantage, faire attendre sa voix en vue de décourager le régime à pouvoir justement procéder à une révision et surtout à un changement », affirme-t-il.
Eglise et opposition, une lutte commune
Par ailleurs, le prof Kahindo Muhesi n’exclut pas la possibilité pour l’Eglise de fédérer toutes les autres opinions, notamment l’opposition politique pour contester la révision de la Constitution. Toutefois, nuance-t-il, tout va dépendre aussi de la mobilisation que va faire le régime.
« Il n’est pas exclu que lorsqu’il s’agira justement d’aller tout droit vers ce projet-là ou lorsque la mise en œuvre de cette idée de la révision va pouvoir approcher que l’on trouve des rues agitées, à ce sens qu’il pourrait y avoir des manifestations chapeautées par l’Église, qui est une composante importante de la société civile congolaise, auxquelles manifestations vont se joindre, peut-être d’opposition aussi plurielle, mais le lendemain on pourrait aussi peut-être, ou peut-être pas le même jour, assister aussi à des manifestations qui seront organisées par les partisans du régime qui vont pouvoir aussi soutenir, marquer leur soutien au projet de la révision ou de changement de la Constitution »
L’avenir politique du pays s’annonce donc agité. On pourrait assister à des agitations avec des manifestations, d’un côté contre la révision de la constitution et de l’autre pour soutenir cette révision, lesquelles manifestations pourraient aussi connaître des répressions de la part des forces de défense et de sécurité, prévient ce docteur en sciences politiques.
Jackson SIVULYAMWENGE
Partagez ce contenu sur: