Malisho Bora, un jus aux saveurs naturelles d’ananas et de maracuja est produit depuis décembre 2020 à Maboya. Une cité connue par tous ceux qui fréquentent la route Beni-Butembo-Goma. Car c’est le seul endroit où l’on s’approvisionne en ananas de qualité en moins cher. Malheureusement cette saveur cache une triste réalité. Une bonne partie de la production de ces femmes paysannes pourrie entre leurs mains ne pouvant pas être vendue. Face à cette tragédie, trois jeunes dames viennent de monter une unité de production de jus d’ananas et de maracuja dans cette cité. La radio intelligente s’y est rendue dans le cadre de la Chronique Ladies First. Voici le reportage.
Des femmes qui accourent vers les voitures à leurs risques et périls pour proposer des ananas aux voyageurs. Parfois en se bousculant pour être servir la première. Tel est le quotidien des femmes de Maboya. Elles sont environs 500 à exercer cette profession dans quatre points de vente. Comme elles font la vente groupale et rotative, ces paysannes font tout afin écouler le plus grand nombre d’ananas possible. Sinon ça va pourrir entre leurs mains. Pourtant leurs familles ne vivent que de ce métier comme le témoignent ces femmes.
« Nous vendons les ananas dans des mauvaises conditions. Nous nous précipitons vers les voitures au risque de nous faire écraser. Nous vendons en trois rotations la semaine en trois groupes. Lundi-Mardi, Mercredi-Jeudi, Vendredi-samedi. »
« Ici, les produits maraichères ne produisent pas bien. Il n’y a que les ananas qui nous aident. C’est tout pour nous. C’est ça notre vie. Les soins médicaux, les frais scolaires, tout vient de ces ananas »
A l’issue d’une étude, Chantal Kavugho, ingénieur Agrochimiste, Kahindo Murawivu Sylvie technicienne en développement et Kahindo Matumaini économiste ont décidé d’apporter un soulagement à ces femmes en créant une unité de production de jus sur place.
« L’entreprise évoluait à Goma depuis 2017. Nous avons eu l’idée de venir ici à Maboya depuis Juin 2020. Parmi nous, il y a l’une qui a mené une étude socio-économique en rapport avec la production des fruits ici. Le constat est amer. La production est abondante. Les fruits pourrissent entre les mains de ces mamans. Pourtant c’est la grande partie de leur production. Elles souffrent. Nous avons jugé mieux de nous installer à la base pour soulager ces paysannes », explique Chantal, ingénieure agrochimiste, ressortissante de l’Université Catholique du Graben.
Lassées des promesses des politiciens, ces femmes espèrent que cette usine va s’agrandir pour absorber la production locale. En effet, en décembre 2020, l’entreprise n’a produit que 50 cartons. En mars 2021, la production est à 200. Les produits sont appréciés dans les villes de Butembo, Beni, Bunia et bientôt à Goma. Actuellement tout se fait à la main, avec un personnel de 7 salariés mensuels et nous recourront à une main d’œuvre journalière si le besoin se présente explique Chantal Kavugho qui voit des beaux jours à l’avenir car la communauté s’approprie de plus en plus le projet.
HERVE MUKULU & EMMANUEL KATERI
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