Beni : 7 morts et plusieurs dégâts matériels dans une incursion des rebelles ADF à Maboya

Sept morts parmi lesquelles trois femmes et plusieurs maisons systématiquement dévalisées puis incendiées dont le bâtiment du centre de santé de référence Reine de la paix de Mabayo. Tel est le bilan de l’incursion des rebelles ougandais ADF à Maboya, agglomération située à 25 km au nord de Butembo sur l’axe routier Butembo-Beni en chefferie de Bashu, territoire de Beni. Les assaillants, venus à nombre élevé selon les rescapés,   ont investi cette localité la nuit de mercredi à ce jeudi 20 octobre 2022 laissant derrière eux de nombreux dégâts humains et matériels.

Nous sommes au couvent de la congrégation de petites sœurs de la présentation (PSP) de Maboya, c’est la douleur et la désolation. A côté se trouve le centre de santé Reine de la Paix où le corps de la sœur Sylvie Kalima, médecin traitant au sein de cette structure, a été calciné. Des garde-malades dont le nombre n’est pas encore connu ont été enlevés. Une bonne partie du bâtiment brûle encore et le corps se trouve encore dans le décombre.

« Non seulement ils ont incendié le bâtiment du centre de santé, mais également il y a eu mort d’hommes  parmi lesquels la sœur docteur qui a perdu la vie dont le corps a été tellement endommagé. Et dans le centre, il y a aussi trois maisons commerciales incendiées » témoigne Kambale Mastaki, cadre de la société civile de Maboya.

Plus près au centre commercial, 4 corps ont été retrouvés dont celui d’un jeune garçon calciné dans la boutique de son père où il passe nuit. Fatigué, le père du garçon vient de tout perdre : un fils et toute la boutique, sa seule fortune selon lui, partie en fumée.

« A 4 heures du matin, quand nous avons voulu venir voir s’ils sont déjà partis, nous avons entendu des coups de balle et nous avons cru qu’ils étaient encore tout près de nous. Malheureusement mon fils était en train de brûler dans la boutique. C’est ma boutique et la victime est mon troisième fils », se désole ce sinistré. 

La septième victime est un homme, sentinelle au centre hospitalier Tingé de la CBCA. Ici aussi, quatre garde-malades ont été prises en otage et une femme qui venait d’accoucher la même nuit par césarienne, déplore Valivambene Muyisa, administrateur gestionnaire de ce centre de santé.

« Nous avions une femme qui venait de sortir de la salle d’opération avec son bébé. Ils l’ont fait sortir et sont descendus avec elle jusque dans la vallée, jusqu’à présent nous ignorons sa destination. Mais nous gardons le bébé ici dans la structure », explique-t-il.

Le nombre de personnes portées disparues se comptent à plusieurs dizaines ; des malades et leurs gardes ainsi que d’autres retrouvés dans leurs maisons. Certains autres se sont tout de même sauvés miraculeusement à l’image de Philémon Kalwaghe.

«Subitement j’ai aperçu la lumière des torches à travers la porte de ma maison. Ils ont brisé la porte, ils sont entrés et nous ont trouvé à l’intérieur. Ils m’ont ligoté avec madame et nous ont fait sortir de la maison. Un moment donné j’ai réussi à sortir ma main de la corde et je me suis échappé. En voulant me poursuivre, ils ont laissé mon épouse seule et ainsi elle a réussi  à se sauver »,raconte le rescapé Philémon.   

Une position des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se trouve non loin du centre de santé Tingé mais elle n’est pas assez garnie d’hommes. Sur place, deux de leurs dépendants ont été tués. Mais de nombreux habitants se sentent abandonnés sans secours. 

Jackson SIVULYAMWENGE et Emmanuel KATERI