Beni : les enfants de Kabasha utilisés comme main d’œuvre au préjudice de leur éducation

De nombreux enfants de Kabasha, agglomération située sur l’axe Butembo-Beni en territoire de Beni, ne sont pas envoyés à l’école pour parachever leur formation du niveau secondaire. Hormis les études primaires accessibles grâce à la gratuité instaurée par le président Félix Tshisekedi, les chefs d’établissements déplorent le faible effectif d’élèves dans les écoles secondaires de la place, accusant les parents d’en être responsables.

Pour cette grande agglomération dont la population était estimée à 18 000 habitants selon le rapport établi par la MONUSCO entre 2019 et 2021, seules deux écoles secondaires y sont opérationnelles. D’après Kombi Virikughundi Jackson, directeur des études de l’institut Kabasha, les effectifs d’élèves dans ces deux écoles varient entre 300 et 400 élèves par an.

« Il suffit que l’enfant puisse obtenir son certificat de fin d’études primaires, c’est tout ». Pour le reste, l’enfant est envoyé au champ pour aider ses parents, mais demander aux parents de payer les frais scolaires à l’école secondaire, c’est à la fois hypothétique et un casse-tête. Kabasha est une grande agglomération, mais qui n’a que deux écoles secondaires : nous avons l’institut Kabasha qui est l’école mère parce que datant de bientôt 50 ans, et l’institut Bakanza conventionné catholique, mais toutes les deux n’ont même pas d’effectifs considérables. Pour nous, par exemple, nous avons difficilement 309 élèves cette année scolaire, explique-t-il.

Zone réputée pour la production de l’huile de palme, du manioc et surtout du cacao produit dans la vallée de Mbumbi à l’ouest, la plupart des parents de Kabasha préfèrent utiliser leurs enfants comme main d’œuvre dans leurs champs, comme en témoigne Musayi Ernestine, mère de 7 enfants.

« J’en ai 7 exactement, parmi lesquels un enfant, le dernier, qui vit avec un handicap et qui n’a pas étudié aussi. » Ses ainés ont fréquenté l’école, mais n’ont pas terminé leur cycle secondaire faute de moyens. Généralement, quand ils sont refoulés, on se dit bien qu’ils peuvent simplement aller en brousse pour les travaux champêtres. Comme on dit, ce qui se perd à gauche se récupère à droite, si on produit du cacao, on peut espérer que l’enfant retournera à l’école quand nous aurons au moins quelques tiges de cacao, justifie-t-elle.

Pour sortir de cette situation, certains leaders du milieu, à l’instar de Balikwisha Chrisostome, responsable d’une coopérative des agriculteurs et éleveurs locaux, appellent les ressortissants de Kabasha se trouvant à Butembo, Goma, Kinshasa et de partout à travers le monde à revenir de temps en temps dans leurs villages pour sensibiliser leurs enfants sur la valeur et l’importance des études.

Jackson SIVULYAMWENGE

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