EAC : les inquiétudes du Professeur Nissé Mughendi à l’annonce de l’envoie prochaine d’une brigade régionale en RDC

La brigade régionale que propose d’envoyer l’East African Community EAC en RDC pour l’aider à résoudre ses problèmes risque d’être un élément de plus pour distraire la RDC face à sa mission première qui est de se sécuriser. Réaction du Professeur Nissé Mughendi spécialiste en géopolitique et enseignant à l’UCG au lendemain de l’annonce d’une force supplémentaire en RDC. L’EAC a résolue jeudi 21 avril 2022 à l’issue de son sommet tenu à Nairobi de la création d’une brigade régionale pour aider la RDC à défaire les groupes armés qui écument son territoire. 

 

Le professeur Nissé Mughendi croit dur comme fer à la responsabilité première de la RDC de traiter ses problèmes sécuritaires en prenant sans complaisance des grandes décisions. Personne n’empêche la RDC d’initier des grandes réformes pour son armée, la discipliner et en extirper les indisciplinés estime le professeur. Pour cette force multinationale le professeur Nissé s’interroge : ‘‘Je ne sais pas avec quelle garantie la RDC accepte cette proposition. Est-ce qu’elle a tiré des leçons des forces multinationales encore présentes ? A-t-elle tiré des leçons des échecs de la Monusco ( Ndlr,Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo) et de sa brigade d’intervention ? La RDC a-t-elle des garanties sur la neutralité des troupes qui vont composer cette brigade ? Comment espère-t-elle contrôler les agendas des forces étrangères qui vont intervenir en RDC ?’’

Le professeur Nissé relève une sorte d’ambiguïté dans la démarche de l’EAC qui veut à la fois encourager le gouvernement congolais à négocier avec le M23 principalement et à utiliser la force contre la même rébellion.

‘‘Elle promet d’intervenir en RDC et en même temps, elle pousse pour que la RDC négocie avec le M23 notamment. Comment est-ce qu’on va concilier les opérations militaires et la négociation ? Est-ce que cela va rentrer dans la diplomatie coercitive ? Cela signifierait que le leadership de ces deux opérations part des autres membres de l’East African Community EAC plutôt que de notre propre centre du pouvoir c’est-à-dire le gouvernement congolais.  L’enseignant de géopolitique à l’UCG pense que la RDC se laisse distraire là où elle peut souverainement décider et agir. ‘‘Je pense que cette force multinationale supplémentaire va contribuer à distraire la RDC par rapport à sa responsabilité première, de régler ses problèmes sécuritaires. C’est sa première responsabilité en tant qu’Etat souverain. Je suis toujours d’avis que la solution aux problèmes sécuritaires de la RDC viendra d’abord du gouvernement congolais plutôt que des appuis étrangers’’ indique-t-il visiblement convaincu.

Le prof Nissé qui est aussi directeur du Bureau Centre d’Etude sur la Paix et la sécurité fait observer aussi que la RDC pense gagner de son adhésion à l’EAC, la résolution de ses crises sécuritaires tandis que les autres Etats voient en la RDC, un vaste marché pour leur production.

Emmanuel KATERI

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