Nord-Kivu : Les Mai-Mai UPLC accusés d’être responsables des récentes tueries à Bashu et Lubero

L’Etat congolais est appelé à délocaliser les miliciens de l’UPLC cantonnés entre les agglomérations de Kabasha et Kalunguta en  territoire de Beni, au Nord-Kivu,  depuis 2019. Ils sont accusés d’être co-responsables des récents massacres de 119 civils orchestrés au cours du seul mois mars 2023 en chefferie de Bashu et en localité de Nguli en territoire de Lubero. C’est entre autres recommandations de la société civile du Nord-Kivu à l’issue de la messe dite ce vendredi 24 mars en mémoire des victimes de ces actes barbares en paroisse Sacré Cœur de Lyambo.

Un militaire des Forces armées de la RDC au visage masqué lors d’une opération contre les miliciens Maï-Maï dans le Parc de Virunga, Nord-Kivu, juin 2017 (VOA/Charly kasereka)

De nombreux habitants de la chefferie de Bashu, déplacés de guerre et ressortissants du territoire de Beni ont pris part à cette messe dans un climat de désolation. Dans son mémorandum présenté à l’assistance, la société civile du Nord-Kivu représentée par son Premier Vice-Président Edgard Mateso,  responsabilise les miliciens  Mai-Mai du groupe UPLC cantonnés entre Kabasha et Kalunguta dans la tuerie de plus de 119 personnes et l’enlèvement de nombreux autres entre le 11 et le 15 mars dernier.

« Nombreux de ces villages où s’opèrent ces dégâts sont sous le contrôle de Mai-Mai UPLC qui ont été placés à Kalunguta depuis le début de l’année 2019 avec le statut de démobilisés mais qui, jusqu’aujourd’hui, sont restés bien armés. Incapables de sécuriser la population, ils ne cessent de conquérir des villages jusque Kambau près de Mangurejipa à l’extrême Ouest du territoire de Lubero. Partout là-bas, ils soumettent la population aux travaux communautaires, font payer les taxes et imposent leur justice. Bref, il s’observe une absence totale de l’Etat », décrit-il.     

Cette situation plonge la population dans le désarroi et l’amène à se poser de multiples questions à savoir : « Que gagne le gouvernement à livrer ses citoyens à la merci des hors la loi ? Qu’est ce qui a présidé au choix d’une telle zone pour placer des porteurs d’hommes dont la mission n’est visiblement pas la défense de la population et la protection de ses biens », s’interroge la société civile avant d’adresser ses recommandations :

« Délocaliser le plus urgemment possible toutes les positions des Mai-Mai UPLC dont l’Etat-major général est établie à Kalunguta, enquêter sur les auteurs des crimes de civils en territoire de Beni en commençant par les massacres les plus récentes, identifier, arrêter et déférer devant les instances judiciaires tous les coupables ».

Les participants accablés par la persistance de l’insécurité n’ont qu’un souhait , celui de retourner dans leurs villages respectifs.

« Nous condamnons cette situation d’insécurité parce que, comme vous le savez, ces zones sont celles qui nous restaient pour alimenter la ville de Butembo en produits vivriers. Et maintenant, elles sont insécurisées et les populations se sont déplacées vers les milieux sécurisés », déplore Jean Dieu Mbusa Kayitula, ressortissant de Mabuku.

Au terme de l’eucharistie, les participants ont procédé à la signature du mémorandum qu’ils souhaitent déposé auprès du gouvernement en vue de la mise en œuvre de toutes les recommandations pour le retour de la paix au Nord-Kivu et en Ituri.

Jackson Muhindo et Julienne Muhima.