Crise sécuritaire dans l’est de la RDC : Les dialogues entre la RDC-M23, Rwanda-FDLR et Ouganda-ADF sont les seules voies vers des solutions durables(Prof Tunamsifu)

Alors qu’une rencontre entre le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, et le Président du Rwanda, Paul Kagame, est prochainement prévue selon des informations de Luanda, de nombreuses voix expriment des doutes quant à la capacité de cette rencontre à apporter des solutions. Le Professeur Philippe Tunamusifu, docteur en droit et enseignant à l’ULPGL de Goma, est de cet avis. Il affirme que seules des discussions entre la RDC et le M23, le Rwanda et les FDLR, ainsi que l’Ouganda et les ADF, pourraient offrir des solutions durables à la crise sécuritaire dans l’est de la RDC.

Selon le Professeur Philippe Tunamusifu, la crise sécuritaire actuelle en RDC, marquée notamment par l’émergence du M23, ne peut être analysée uniquement à la lumière des événements récents. Il estime que cette crise trouve ses racines dans le passé, et que pour y remédier, toutes les parties impliquées, y compris la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, le M23, les ADF et les FDLR, doivent être engagées. En commentant la rencontre prévue avec Paul Kagame, il est d’avis que celle-ci pourrait répondre aux préoccupations de deux gouvernements alors que le problème concerne plusieurs parties. Il suggère ainsi que chaque gouvernement entame des discussions avec les groupes rebelles originaires de son propre pays.

« La conséquence de négocier uniquement avec le Rwanda les problèmes politiques entre ce pays et la RDC est que nous n’obtiendrons pas de solutions, car nous n’aurons pas écouté les rebelles et leurs revendications, par exemple. Dans tous les cas, on se demandera dans cette crise quelles sont les revendications du Rwanda, par exemple, et si on y répond, est-ce que les autres auront gain de cause ? Je crois qu’il faut analyser cette situation de manière holistique. Rappelez-vous, chaque fois que les États-Unis en parlent, ils demandent au Rwanda d’arrêter tout soutien aux M23 et à la RDC de cesser de collaborer avec les FDLR. Alors, pourquoi, en cherchant une solution, écouterions-nous uniquement le Rwanda qui a des revendications bien connues de notre gouvernement et de la communauté internationale, » dit-il.

Avant d’ajouter, « pourquoi ne chercherions-nous pas à trouver des solutions avec une approche holistique, c’est-à-dire que la RDC accepte de négocier avec ses rebelles, que le Rwanda fasse de même et que l’Ouganda aussi, car au-delà d’être impliqué dans la crise du M23, les ADF sont des rebelles ougandais. Mais si nous écoutons uniquement le Rwanda lors de la rencontre annoncée, nous ne trouverons qu’une petite solution qui ne durera pas, » a expliqué le Professeur Philippe Tumsifu.

Le Professeur Tunamusifu s’inquiète cependant de l’impossibilité de dialogue entre la RDC et le M23, d’autant plus que ce groupe est qualifié de « terroriste » et ne peut donc pas être en dialogue avec un gouvernement légitime. Il s’étonne également du fait que le gouvernement congolais n’a jamais condamné l’Ouganda depuis le début de la guerre du M23, alors que ce pays avait également confiné ces rebelles après leur défaite militaire en 2013 et semblerait être impliqué dans leur résurgence.

 

Ismaël Kabuyaya

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