De gauche à droite, le cameraman Kid Mutuka et le caricaturiste KASH. Photo Hervé Mukulu

JM des artistes : KASH, portrait d’une virtuose de l’art de rendre l’information en dessin avec humour, la caricature

 KASH, cette signature que la génération numérique  découverte sur les caricatures du média en ligne actualite.cd draine derrière elle 33 ans d’expérience. Il s’agit de monsieur Tembo Muhindo Kashauri, natif de Butembo qui fut le premier à réaliser des caricatures politiques en RDC  pour l’hebdomadaire « Le phare » à Kinshasa.  En  ce 25 octobre dédié aux artistes, nous vous peignons le portrait de cette virtuose de l’art de rendre l’actualité, l’information en dessin avec humour, la caricature.

Diplômé de l’académie des Beaux-arts à Kinshasa, KASH est un amoureux de la bande dessinée depuis l’enfance. Cet art qu’il met d’abord au service de la détente, la publicité et l’actualité, se transforme en caricature en 1990 pour l’hebdomadaire « Le Phare » en apprenant sur les tas.

« C’est un style que je n’exerçais pas. Je ne savais pas le faire mais comme j’étais content de voir déjà mes dessins publiés dans la presse, j’étais bien payé comme étudiant. J’ai dû mentir à l’éditeur que je connais réaliser les caricatures. Je me suis dit que j’allais m’appliquer au courant de la semaine.  Donc je l’ai appris sur le tas », avoue l’artiste.

KASH pour se faire un nom et comme pour se cacher dans un pays où il n’est pas aisé de critiquer l’homme politique ; aujourd’hui, voici 33 ans des caricatures  au quotidien.

« Je dessine pratiquement tous les jours. Il arrive que je ne dessine pas pendant 3 jours par exemple. Si je suis malade ou empêché pour une raison ou une autre. Et il arrive que je dessine 4 ou 5 dessins le jour », explique l’artiste qui ne saurait donner un chiffre sur ses dessins de presse tellement, ils sont nombreux avec 4 recueils publiés.

33 ans durant lesquels, l’artiste et son art ont évolués jusqu’à ce qu’il estime que :

« Ma caricature la plus réussie, c’est celle où on a pas besoin de texte pour la comprendre. »

Mais pour pouvoir en vivre et devenir un KASH, peut-être avec du Cash, il entretient sa famille depuis près de 30 ans avec ce métier ;  il faut souvent se battre avec les dents pour ses droits.

«  Je suis entré au journal Le Phare en 1990. Et de 1993 à 2003, je ne publiais presque plus mes dessins. Je dessinais pour moi sans publier  parce que j’estimais que mon travail n’était pas bien rémunéré. Quand les prêtres catholiques m’ont rappelé pour reprendre, j’ai posé mes conditions. », témoigne cet artiste.

Ce combat qu’il mène aux côtés des autres héros dans l’ombre fait du dessin de presse aujourd’hui un art majeur :

« Quand je commençais la caricature n’était pas reconnue comme un art à part entière. Moi je suis content quand je vois des jeunes organiser des festivals, quand nous sommes invités dans le monde entier. Que c’est devenu un art majeur. »

KASH s’est adapté au fil du temps. Du papier au numérique aujourd’hui avec tous ses défis et opportunités. Il trouve qu’il est devenu aisé d’apprendre avec ces ouvertures de connectivité qui n’existaient pas à leur époque. Même s’il faut travailler dur  pour s’en sortir, les mêmes outils numériques sont aussi une opportunité pour faire valoir les produits des jeunes artistes.

Hervé Mukulu 

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