Retrait du M23 : répartition suspecte et dangereuse des forces de l’EAC selon Nicaise Kibel Bel Oka et Stewart Muhindo

Une publication qui circule sur le web démontre  comment les forces de l’East African Community vont se partager les zones conquises par le M23 et qui sont interdites d’accès aux FARDC après le retrait de ces  rebelles . Même si le gouvernement congolais ne confirme pas cette répartition, le constat est que certains pays comme l’Ouganda , à titre d’exemple,  ont opté pour le contrôle  des zones frontalières aux leurs. Le Burundi prend Sake, Kilolirwe et Kitshanga, le sud-Soudan et le Kenya se partagent  Rumangabo, le Kenya prend Kibumba, Tongo, Bwiza et Kishishe et l’Ouganda prend Bunagana, Kiwanza et Mabenga. Face  à cette  réalité le journaliste Nicaise Kibel Bel Oka et l’activiste Stewart Muhindo préviennent.

D’abord pour que ces forces contrôlent ces régions, il faudra que le M23 se retire. Ce qui ne semble pas sur le point de se produire puisque le M23 n’a pas respecté les précédents accords, ceux de Luanda. Et puis quand ces forces auront le contrôle de ces régions, qui pourra savoir ce qu’elles y font, s’interroge Stewart Muhindo, militant de la LUCHA.

« Cette répartition nourrit un peut les velléités expansionnistes et pillardes des Etats de l’EAC. Lorsqu’elles auront le contrôle de ces zones qu’est ce qui garantit qu’un jour elles pourraient les abandonner ou qu’est ce qui garantit qu’elles ne vont pas utiliser leurs présences pour piller les ressources du Congo pour encore aggraver la situation sécuritaire. »

Cette répartition serait efficace  si et seulement si la RDC assure  le commandement des unités de l’EAC  dans chacune des  régions sus évoquées. Autrement, ce serait une erreur stratégique énorme pour des raisons que soulève Nicaise Kibel Bel Oka, journaliste spécialiste des questions sécuritaires de la région des Grands-Lacs.

« On peut inviter des forces étrangères pour venir nous aider mais il faut nécessairement que le commandement soit entre nos mains pour que eux puissent nous appuyer. Autrement, ce serait une erreur tactique et stratégique. Parce que les voisins qui ont des groupes armés chez nous peuvent venir pour les éloigner de leurs frontières. L’Ouganda peut tout faire pour que le MTM (Madina at Tauwheed Wal Muwahedeen) /ADF n’arrive pas chez lui. Il les éloigne. Le Burundi, la même chose pour le Red Batara et autres. Ce qui est plus important est que la coordination soit entre les mains des FARDC. »

Pour le confrère, cette répartition géographique peut-être dictée aussi par des défis logistiques. Plus une armée va loin de ses frontières, plus la facture de la guerre  devient lourde. Et comme la guerre ne se gagne qu’avec des alliées et que la RDC ne peut avoir tous ses voisins sur son dos ; elle doit impérativement se rassurer d’avoir la maîtrise du commandement et surtout limiter leurs présences dans le temps et dans l’espace en plus des évaluations ponctuelles.

Hervé Mukulu

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