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Science : que comprendre de la mort de cet homme qui a survécu deux mois avec un cœur de porc ? des explications d’un spécialiste One Health et expert en innovation et santé durable

Science : que comprendre de la mort de cet homme qui a survécu deux mois avec un cœur de porc ? des explications d’un spécialiste One Health et expert en innovation et santé durable

Deux mois après la transplantation réussie du cœur d’un porc, l’homme qui a bénéficié de cette opération pour la toute première fois de l’histoire est décédé depuis le 08 Mai 2022. Mr Bennett, un sujet américain qui avait besoin d’un cœur après la défaillance du sien, s’était vu transplanté un cœur d’un porc. Un record, même s’il n’a pas survécu longtemps estime Dr Olivier Kavulikirwa, expert en innovation et santé durable et enseignant à l’Université Catholique du Graben. Que comprendre de ce qui s’est passé et quelles leçons en tirer ?

Avoir survécu deux mois durant avec un cœur d’un porc a fait espérer que les prochaines transplantations d’organes seront des grands succès. Alors qu’il n’y avait plus beaucoup à craindre, Mr Bennett est malheureusement décédé d’un cytomégalovirus porcin. Inattendu.

Il faut cependant considérer qu’il ne s’agit que d’une grande étape dans la mise en place d’une innovation qui vient répondre à un besoin réel, pense Dr Olivier Kavulikirwa. Mais que s’est-il passé alors qu’on pouvait déjà espérer des lendemains meilleurs ? Dr Olivier Kavulikirwa explique. ‘‘Il faut premièrement savoir que le porc qui avait été utilisé pour produire le cœur, avait été génétiquement modifié. Et donc, ce n’était plus un porc comme celui que nous voyons chaque jour. Mais aussi, il a été élevé dans des conditions de biosécurité niveau 4. Dans la lutte contre les pathogènes, ce niveau 4 de biosécurité est celui d’un environnement où la circulation des agents pathogènes est presqu’impossible. Du moins au niveau actuel des connaissances. A la surprise générale, ce qui est incriminé aujourd’hui comme étant à la base de la mort de M Bennett, c’est un virus, un cytomégalovirus de porcins qui déjà au 20ième jour avait été détecté alors que dans le screening avant la transplantation, le cœur du porc n’avait pas de virus. ’’

Et la première leçon à tirer c’est ce risque pour lequel alerte Dr Olivier Kavulikirwa. ‘‘ Il est connu que le cytomégalovirus est un herpès virus. Les herpès virus sont caractérisés par une spécificité très élevée dans le choix de leurs hôtes. Donc c’est très rare que les herpès virus aillent d’une espèce à une autre. La leçon à tirer sur le plan du concept d’une seule santé, on peut arriver à dire que si on adopte la transplantation d’organes des animaux vers les humains, sans prendre le maximum des précautions, on risque d’élever la probabilité d’introduire de nouvelles maladies dans les populations humaines. Comme les cytomégalovirus sont souvent latents et très difficile à détecter, des examens approfondis minutieux deviennent d’une importance très capitale avant toute implantation du cœur d’un pour chez les humains ’’

La deuxième leçon à tirer c’est que la collaboration entre médecine animale et médecine humaine peut aider à résoudre beaucoup des problèmes dans la santé globale selon Dr Olivier. Il note la difficulté liée à la disponibilité d’organes et le coût à payer qui peut être contourné par le recours aux organes d’animaux même s’il ne faut pas négliger les questions éthiques que cela pose a dit Dr Olivier qui est aussi spécialiste gestion intégrée des crises et risques sanitaires et coordonnateur d’International one health alliance.

Emmanuel KATERI

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