Affaire embargo sur les armes: des alliances de circonstance entre FARDC et certains groupes armés donnent de la matière à ceux qui accusent la RDC de collaborer avec des groupes armés (Prof Nissé Mughendi)

La RDC a déjà introduit au Comité des sanctions de l’ONU sa demande de levée de l’obligation imposée aux fournisseurs d’armes de déclarer au préalable la vente de certains types d’armes commandées par le pays. C’est ce que fait savoir, Christophe Lutundula Apala, ministre congolais des Affaires étrangères, dans un message publié sur son compte Twitter lundi 14 novembre 2022.

Mais le professeur Nissé Mughendi Nzereka, expert des questions sécuritaires et politique internationale, demeure sceptique quant à la décision que prendra l’ONU au sujet de cette demande de levée de sa mesure imposant, depuis 2008, à la RDC de lui notifier l’achat de certaines catégories d’armes. Car, fait-il remarquer, malgré l’alternance au pouvoir, les raisons à la base de cette mesure de l’ONU visant à empêcher la divagation d’armes n’ont pas beaucoup changées.

“La RDC est accusée par ses rivaux de soutenir des groupes armés très mal vus sur la scène internationale, ceux qui sont accusés d’avoir commis un génocide au Rwanda; mais pas uniquement, il y aussi d’autres groupes armés qui appuient de temps à temps les FARDC lorsque la menace s’accroit. Il y a des groupes comme l’UPLC ici sur la route Butembo-Beni par exemple qui collaborent avec les FARDC. Il y a le NDR qui a collaboré avec les FARDC dans la traque des FDLR. Ces genres d’alliances de circonstance donnent de la matière à ceux qui accusent la RDC de collaborer avec des groupes armés”, explique-t-il.

Il déplore également la violation par certains États voisins de la RDC du régime d’embargo sur les armes décrété contre les groupes armés actifs en RDC. Il évoque le cas du soutien du Rwanda au M23.
Mais en attendant la levée de ce régime d’embargo, cet expert en géostratégie, encourage le pays à se doter des moyens de transport d’armes ou à songer de produire elle-même ses armes pour contourner les mesures imposées aux transporteurs et fournisseurs pouvant livrer des armes au pays.

« D’autres questions que je me pose, c’est pourquoi pendant toutes ces années on n’a pas pensé à se procurer des moyens de transport propre? Visiblement ici selon ses dires(Ndlr: du ministre des affaires étrangères), ce sont des armes déjà achetées et que le transporteur refuse de livrer en RDC. Est-ce que nous on ne peut pas nous même les acheminer et éviter de survoler les territoires qui refusent qu’on les survole? L’autre question que je me pose c’est pourquoi la RDC n’envisage-t-elle pas de produire elle-même ses armes?”, s’interroge-t-il.

Soulignons que cette restriction imposée à la RDC en matière d’acquisition d’armes d’une certaine catégorie provoque actuellement un tollé au sein de l’opinion nationale congolaise, en cette période où le pays est en proie à l’agression du Rwanda à travers le M23.

Georges Kisando Sokomeka