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Butembo/meurtre lors des manifestations : face au manque de preuves pour incriminer les policiers et militaires soupçonnés, l’auditeur militaire Georges propose…

Butembo/meurtre lors des manifestations : face au manque de preuves pour incriminer les policiers et militaires soupçonnés, l’auditeur militaire Georges propose…

Policiers et militaires sont souvent accusés d’avoir tués des civils lors des manifestations populaires en ville de Butembo. Un groupe de pression compte une vingtaine des civils tués par les forces de l’ordre depuis l’avènement de l’état de siège instauré depuis une année et neuf mois dans le Nord Kivu et l’Ituri. L’auditorat militaire confirme que certains éléments sont détenus mais il se pose un problème de preuve pour établir leur culpabilité. Comment se présente ce défi et qu’est-ce qui peut être fait pour que justice soit rendue aux familles des victimes ? L’auditeur militaire de Garnison de Butembo le lieutenant-colonel  Magistrat Nkuwa Milosi Georges s’est confié, dans un entretien exclusif à la Voix de l’UCG.

 

Tués par les éléments des forces de l’ordre uniquement. Car souvent, même les manifestants sont armés fait remarquer l’auditeur militaire Nkuwa Milosi Georges. Il devient ainsi difficile de trouver une preuve matérielle pour incriminer l’auteur présumé de ce meurtre se désole-t-il. Ce qui est pourtant de son devoir et qui rend ainsi difficile son travail d’enquêteur.

« La charge de la preuve est à celui qui allègue les faits ; mais aussi, la théorie de la mobilité de la charge de la preuve voudrait que celui qui évoque une théorie ou position quelconque en apporte la preuve. Lorsque nous sommes sur une scène de crime, tout le monde n’a pas toujours le temps d’identifier de quelle arme est sortie la balle mortelle. Lorsque nous avons 4, 5, 6 tireurs, on peut appréhender une personne, par défaut peut-être, mais le ministère public que je suis, j’ai le devoir d’établir un lien de causalité entre la personne qui m’a été présentée et les faits qu’il a prétendument commis. Il ne suffit pas de me dire le militaire, il y en a combien ? Des centaines à Butembo. Un policier. Il y en a combien ?  des centaines. »

Plus encore, la police scientifique n’est pas fonctionnelle dans la région. Donc, il est quasiment impossible de procéder aux études balistiques ou criminalistiques. Les matériels nécessaires pour procéder aux études différentielles n’existent pas du moment que les forces de l’ordre sont munies des mêmes types d’armes.

Néanmoins, il existe un moyen pour apporter des preuves afin que justice soit rendue indique le lieutenant-colonel Magistrat Nkuwa Milosi Georges.

« Tout ce qui peut m’aider moi en tant qu’enquêteur c’est l’appel à témoin. Quiconque peut avoir des informations précises sur une situation qu’il a vue, tant mieux. Nous, en tant qu’enquêteurs, nous ne fonctionnons pas sur base de la rumeur. Nous fonctionnons sur base des faits avérés et des personnes physiques identifiées et identifiables et qui allèguent des faits. Nous sommes en matière pénale, la preuve étant libre en cette matière, éléments sonores, visuels,… ce sont des indices qui peuvent nous aider à identifier les auteurs de ce crime. »

Car si cela n’est pas fait, l’auditorat ne peut retenir les éléments de l’ordre policier ou militaire assez longtemps sans preuve. Il rappelle que quand les preuves sont là, les procès sont organisés en flagrance et l’auteur est souvent condamné.

Hervé Mukulu

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