Le seul ras le bol de la population pourrait ne pas arriver à faire partir la Monusco mais la réussite de cette activité c’est de l’avoir initiée pour exprimer son mécontentement. C’est l’avis du Professeur Muhindo Mughanda, docteur en sciences politiques et en Relations Internationales, qui estime que cette activité vaut bien la peine d’être menée.
Le professeur Mughanda estime que l’appelle à grever pendant 10 jours est légitime au regard de la persistance des massacres. Penser qu’un peuple aussi meurtri de se résigner et se taire, c’est se moquer de son malheur, explique-t-il.
Le ras le bol de la population ne fera pas que la Monusco parte certes, mais la réussite de cette activité c’est de l’avoir initié pour exprimer le désarroi estime le politologue. ‘‘ Demander à la Monusco de partir, c’est en fait une question inter étatique que le seul ras le bol de la population ne saurait permettre de régler tout de suite. Il s’agit néanmoins d’une manifestation qui vaut la peine parce que c’est une occasion d’interpeler les organisations humanitaires et la Monusco sur leur performance. De ce côté-là déjà, il y a des chances que ça réussisse parce que le message va passer. Ce qui se passe ici est insupportable. C’est difficile de reprocher à quelqu’un qui se noie la manière pour lui de chercher à se sauver des eaux qui cherchent à l’emporter.’’
Par ailleurs, tenir 10 jours de suite ce n’est pas facile estime le professeur Mughanda.
‘‘ Le problème de nos manifestations du tier monde est qu’on peut manifester aujourd’hui et le lendemain chacun veut aller chercher à manger pour ses enfants. Les manifestations successives du genre réussissent là où il y a déjà une classe moyenne, un niveau de vie assez élevé. Mais dans les conditions qui sont les nôtres, que vous manifestiez que vous ne manifestiez pas, vous n’avez pas à manger. La crise est déjà suffisamment aigue. Dans ces conditions-là, il faut se battre même affamer.’’
Le prof Mughanda, enseignant des sciences politiques estime que les actions populaires et les révolutions ne réussissent pas en un jour. Il recommande aux autorités publiques de ne pas s’attaquer aux manifestants qui expriment leur ras le bol, plutôt de travailler pour répondre à ce qu’ils demandent.
Emmanuel KATERI
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